Last Call BBS

DéveloppeurZachtronics
Date de sortieAoût 2022
Date jouéJuillet 2023
NoteB-Tier

Un de mes pêchés mignons est les jeux de programmation. Je ne sais pas si c’est en lien avec ma carrière qui a démarré comme programmeur ou bien il s’agit de puzzles qui me chatouille l’esprit juste à la bonne place mais dès que j’en vois un nouveau sortir, je dois l’essayer. Programmer est pour moi un plaisir mais parfois avant de s’y mettre il faut d’abord s’imaginer un projet à réaliser. Les jeux de programmation éliminent cette phase de conception pour nous proposer des problèmes à résoudre, nous laissant tout le loisir à nous concentrer sur la solution.

Human Resource Machine, le jeu qui m’a donnée la piqüre!

Le jeu Human Resource Machine fut mon initiation au genre. Je le recommande d’ailleurs encore chaudement. Mais avec le temps, je suis tombé dans le terrier du lapin en découvrant Shenzhen I/O, TIS-100 et Opus Magnum qui m’ont tous captivé pendant beaucoup trop d’heures. À l’époque, je n’avais même pas réalisé que ces trois derniers jeux étaient en fait tous développés par la même personne: Zach Barth. Son approche si distinctive, inspirant plusieurs autres développeurs, donna naissance au genre « Zachlike« . Avoir son nom comme genre de jeu, c’est pas mal! On reconnait un bon Zachlike dans son mélange de programmation et d’électronique mis en scène dans une ambiance unique et particulière. À titre d’exemple, dans Shenzen I/O on incarne un ingénieur chinois d’appareils électroniques oeuvrant pour une compagnie localisée dans la ville de Shenzen, reconnue comme la Silicon Valley de la Chine. Dans Molek-Syntez, bien plus glauque, on incarne un scientifique Roumain qui doit synthétiser des molécules dans un laboratoire de fortune… Bref, je suis pas sorti du bois avec ces maudits jeux-là.

Voici TIS-100, comme on peut le constater les jeux de Zachtronics peuvent parfois être… arides

Et justement, aujourd’hui je veux parler de Last Call BBS, sorti en août 2022 toujours par le même auteur. Plus spécial que les précédents, Zach annonçait que c’était son tout dernier jeu publié par sa compagnie! Il estime en effet avoir fait le tour du genre et être intéressé à créer d’autres choses. Last Call BBS est donc une forme d’adieu pour ses fans, mais comme on le va le voir, il n’a pas lésiné!

L’interface de Last Call BBS

Après y avoir joué une vingtaine d’heures, j’en ressors plutôt dérouté. Le jeu commence par simuler le lancement du Powerlance Z5, un ordinateur personnel fortement inspiré des premiers modèles d’Apple, d’Amstrad ou de Toshiba. Mais à peine les premières minutes passées, on se rend compte qu’il s’agit bien plus d’une simple collection de mini-jeux que d’une véritable expérience d’interface. Les « BBS » (ancienne technologie de sites webs et forums de discussions) que l’on y visite ne sont pas vraiment vivants ni crédibles et ne servent finalement que d’une étape supplémentaire pour accéder aux mini-jeux. Si la nostalgie et les références rétros abondent jusque dans les moindres détails (son du disque dur qui gratte, ASCII art des BBS, démo « warez » en intro des jeux « crackés », etc.), elle ne se révèle qu’une façade: une vitrine nostalgique qui demeure superficielle. J’aurais aimé avoir plus à faire dans l’ordinateur: une intrigue à découvrir, des indices à récolter en parcourant des BBS obscurs ou des fichiers à explorer – bref une histoire racontée à-travers une interface à la manière d’Emily is away too ou même Her Story mais non, Last Call BBS nous crée un univers extrêmement riche mais le laisse vide. Il excelle en World Building mais pas en Storytelling. Dommage, difficile de ne pas y voir une occasion manquée.

Mais je ne veux pas dépeindre le jeu trop négativement. Plus j’y repense et plus je suis impressionné par la quantité de contenu offert par Last Call BBS. L’un des mini-jeux est même accessible à-travers une réplique d’interface d’émulateur qui rappellera des souvenirs à ceux, qui comme moi, ont découvert bien des consoles à-travers l’émulation. Cet effort impressionant contribue à créer un véritable univers parallèle qui sera immédiatement familier aux geeks des années 80 et 90.

20th Century Food Court, de loin mon « mini » jeu préféré de la collection!

Mais alors, ces mini-jeux, eux, sont-ils bons? Il y en a un total huit et ils sont pour la majorité vraiment intéressants. Le premier qui me vient à l’esprit est 20th Century Food court, où l’on programme une ligne d’assemblage de nourriture automatique. Ce mini-jeu à lui seul m’apparaît comme une version plus élégante et amusante que certains titres commerciaux tels que Automachef. Et c’est là que ça devient étourdissant… Un seul mini-jeu qui offre plus d’une quinzaine de scénarios, une nouvelle interface complète à apprendre et maîtriser? Et les autres ne sont pas en reste non plus:

  • X’BPGH: The Forbidden Path est un puzzler à la limite du Body Horror où l’on doit faire évoluer des organes en trifouillant avec leur ADN.
  • Path, Dungeons & Diagrams est un genre de Sudoku où l’on doit dessiner les murs de donjons.
  • ChipWizard Professional tente de nous faire aimer la conception de puces informatique qui doivent traiter des signaux électroniques
  • HACK*MATCH est un clone des Tile-matching Game arcade tels que Puyo puyo ou Magical Drop!?
  • Il y a aussi deux versions alternatives de Solitaire avec leur propre règles
  • Ah! oui! Et un simulateur d’assemblage de figurines de plastique avec Steed Force Hobby Studio!?

Juste l’exercise d’énumération que je viens de faire me laisse pantois. C’est à croire que Zach y a mis toute la gomme et on se retrouve avec un mélange éclectique décousu, un peu déroutant mais toujours fascinant. La quantité d’amour mise dans chaque mini-jeu est juste sidérante. Hack*Match reproduit à la perfection l’ambiance des jeux d’arcade Japonais de son époque, l’éditeur de circuit imprimé vient bourré d’outils d’analyses et de fonctionalités tels des hotkeys, undo/redo, etc. Les fans du genre seront visiblement comblés. Mais pour les autres… J’ai bien peur que la bouchée sera trop grosse et indigeste.

Bon… Comment conclure? J’ai l’impression que Last Call BBS ne savait pas tout à fait ce qu’il voulait être et a fini par tirer dans toutes les directions. Est-ce que c’est une collection de mini-jeux? Oui mais plusieurs d’entres eux sont beaucoup trop complexes et mériteraient même d’exister en standalone. Est-ce que c’est un jeu d’interface où l’on y découvre un hypothétique nouveau système d’exploitation? Pas vraiment, l’interface manque finalment de profondeur et perd sa crédibilité… Difficile de le définir mais une chose est certaine Last Call BBS demeure une œuvre fascinante tant par l’attention aux détails de son créateur, la diversité et la profondeur déroutante de ses jeux et pour ses immanquables airs de nostalgie qui nous replongent ne serait-ce qu’un instant dans une page de l’histoire de l’informatique déjà disparue.

FTW: For the Warp

Dates

Parution: Mars 2020
Date jouée: Avril 2023

Rang

B-Tier

Étant un fan de jeux Solo Deckbuilding, ça faisait quand même un p’tit bout que je zieutais FTW. Il trainait dans ma wish-list steam depuis sa sortie et puis un spécial alléchant m’a fait craquer.

Alors, FTW est un jeu de deck building sympathique où l’on assume le contrôle d’un vaisseau spatial qui doit traverser plusieurs systèmes solaires dangereux. Le rythme de jeu est agréable, minimisant les temps morts et nous permettant de nous concentrer sur notre propre progression. Le système de règle est solide et le temps d’une partie raisonnable. Malheureusment, le balancing du jeu qui empêche FTW d’être A-Tier pour moi:

Gatling Gun ne coûte rien, permet de piger une carte… Qu’arrive-t-il si les seules cartes restantes sont des Gatling Gun?

La difficulté et les cartes et l’économie souffrent du balancing

  • Difficulté: des combats vont parfois surgir des pics de difficulté surprenant, même en début de partie, qui pourront avoir des effets rapidement dévastateurs. Ces pics rendent l’expérience instable et donne l’impression que l’on dépend trop du RNG.
  • Les cartes:
    • La grande diversité des cartes vient au prix de leur équilibre, la différence entre une carte « épique », « légendaire » et « commune » est titanesque. Cela est tel que j’ai faillis gagner ma toute première partie où, par pure chance, j’ai obtenu une carte rare complètement cassée.
    • Qui plus est, certaines cartes permettent des boucles infinies que le jeu prévient de façon inélégante en coupant court à notre tour après un certain nombre d’actions – une règle qui n’est expliquée nulle part et qui semble avoir été ajoutée à la dernière minute par le créateur pour éviter ces situations.
  • Économie: Retirer des cartes de son deck est également rare et coûte extrêmement cher ce qui encourage des stratégies conservatrices où l’on renonce à prendre des cartes qui pourraient réaliser un combo avec des cartes futures.
Exemple du balancing parfois douteux.

Finalement, il y a aussi plusieurs petits bugs d’interface qui peuvent mener à des erreurs tactiques aux conséquences désagréables.

Je recommanderais FTW seulement aux fans du genre qui veulent prendre une pause des excellents Slay the Spire, Hearthstone et Monster Train de ce monde. Attendez un spécial.